
En l’honneur de David Jellett Barker

En l’honneur de David Jellett Barker
La Première Guerre mondiale a été sans précédent, tant sur le plan de son ampleur que des destructions qu’elle a engendrées. C’était l’une des premières fois que le Canada était reconnu à l’échelle internationale comme un pays indépendant en raison de l’immense sacrifice consenti par un grand nombre de ses jeunes hommes et femmes. BMO a activement soutenu le pays par l’entremise de la vente d’obligations. En outre, plus de 1 400 employés de la Banque se sont engagés dans l’armée pour participer à l’effort de guerre.

Dans les registres des ressources humaines, qui sont numérisés et consultables sur notre site Web, ont été consignés les noms des employés de BMO qui ont pris congé pour servir « le Roi et l’Empire ». En général, la mention « Imperial Service » (service au sein d’une unité impériale) est inscrite sur la page de l’employé et, dans le cas de ceux qui ne sont pas revenus, leur sort y est souvent indiqué.
Parmi ces écritures figure un exemple particulièrement émouvant. David Jellett Barker était un employé prometteur de BMO qui a perdu la vie pendant la Première Guerre mondiale. Les écritures le concernant dans le registre des ressources humaines comprennent des lettres rédigées par ses supérieurs à la Banque, qui ont été bouleversés et attristés d’apprendre son décès.
Les écritures concernant David dans le registre des ressources humaines donnent un visage aux pertes causées par la Grande Guerre – des pertes si difficiles à imaginer que nous courons le risque de nous laisser happer par les chiffres et les statistiques entourant cet événement. En ce jour du Souvenir, il est important de prendre le temps de réfléchir et de tenir compte des vies derrière les chiffres.
Lettre 1:
Le 29 septembre 1917
Cher Monsieur,
Vous aurez probablement déjà appris le décès au combat de Jellett Barker et, sachant que vous serez désireux d’en savoir davantage, je vous écris personnellement.
M. Barker était de service avec son peloton en première ligne lorsque, pendant un violent bombardement, il a été touché par un obus de mortier de tranchée et tué instantanément. Il n’y avait rien que l’on puisse faire pour lui et, du moins dans les circonstances, nous sommes heureux qu’il n’ait pas eu à souffrir.
Nous avons été en mesure de transporter son corps dans un cimetière militaire situé loin derrière le front, et alors que le bataillon a maintenant quitté le front, nous avons organisé ce matin ses funérailles, auxquelles ont pu assister l’officier général commandant de la brigade, de nombreux officiers et hommes du bataillon, ainsi que des amis.
Même si Barker n’était pas parmi nous depuis longtemps, je l’avais connu dans la vie civile, et la façon dont il est revenu et, nonobstant les diverses possibilités d’emploi, s’est présenté et a pris le commandement d’un peloton au front est un excellent exemple pour nous ici et doit l’être pour ceux qui sont au pays. Il accomplissait son travail en déployant de grands efforts, et en y appliquant le souci du détail et la rigueur dont il avait toujours fait preuve, et nous avions hâte, après qu’il eut acquis une expérience suffisante, de l’employer à des tâches qui auraient permis d’utiliser au mieux ses capacités.
Nous n’avons pas seulement perdu un excellent collègue officier; son décès représente aussi une perte considérable pour le Corps canadien en France et pour le Canada, qui perd un citoyen aux principes les plus nobles qui soient.
(Signé) J.V. O’Donahoe
Lieutenant-colonel
Cmdt 87e bataillon d’infanterie canadien
Lettre 2:
Le 6 octobre 1917
Mon cher Oliver,
Hier, j’ai répondu à votre télégramme demandant des renseignements sur le décès du lieutenant D. J. Barker. Je vous avais déjà envoyé un télégramme le 28 septembre, le lendemain de notre sortie des tranchées.
J’ai vu Barker dans l’après-midi du 28, dans la tranchée de première ligne, et nous avons eu une longue discussion. Il faisait un excellent travail et tout le monde le tenait en haute estime. Il s’acquittait de son devoir avec le plus grand sérieux. J’ai été frappé, comme d’autres, par son allure, qui témoignait d’une capacité naturelle à commander et d’une pleine connaissance de ce qu’il tentait de faire. Lors de la conversation que j’ai eue avec lui à cette occasion, je lui ai dit ce que j’avais en tête et lui ai demandé de se présenter au quartier général de la brigade deux jours plus tard, lorsque la brigade aurait quitté le front. Il me promit de le faire. J’avais pris des dispositions pour l’emmener au quartier général de la brigade en tant qu’apprenant, à condition que le commandant de son bataillon soit d’accord. Il y avait un doute à ce sujet, car le colonel O’Donahoe voulait utiliser ses services dans sa propre salle des rapports à titre d’adjoint au capitaine-adjudant. De plus, j’avais parlé au général Watson et lui avais dit quels étaient mes plans, à savoir que je voulais moi-même m’octroyer les services de Barker pendant un certain temps, puis le mettre à la disposition de la division.
La relève de la brigade avait déjà commencé lorsque Barker a été tué. Il avait préparé ses hommes à sortir, mais l’unité de relève ne s’était pas rendue jusqu’à lui à ce moment-là. La zone était celle où les mortiers de tranchée étaient actifs, et un lourd obus de mortier de tranchée est tombé près de lui, un gros éclat d’obus se logeant dans son estomac et le tuant instantanément. Il n’était pas conscient après avoir été touché. Son corps a été ramené et enterré le lendemain dans le cimetière de Villers-au-Bois, où il sera facile de le retrouver à l’avenir. J’ai assisté aux funérailles.
Vous ne pouvez pas savoir à quel point je ressens la perte de Barker. À la lumière de ma conversation avec lui, j’avais beaucoup compté sur son aide pour la suite et j’avais planifié les tâches qu’il accomplirait pour assister le général Watson. De plus, compte tenu de l’urgence de ma demande le concernant, je me sens un peu responsable du fait qu’il était en France.
Je crois savoir que Barker était célibataire. S’il y a des membres de sa famille et des amis à lui à qui vous aimeriez que j’écrive, je le ferai avec plaisir. Si vous avez besoin d’obtenir d’autres renseignements, n’hésitez pas à me les demander.
Je comprends que Barker était l’un de vos très bons amis et, dans ces circonstances, je tiens à vous offrir mes condoléances.
Avec mes plus sincères salutations,
Bien à vous,
(Signé) Victor Odlum
Brigadier-général