
Un grand souci du détail

Le matin du 15 septembre 1911, un télégramme urgent a été envoyé par le surintendant de BMO pour la Colombie-Britannique et le Yukon : « Coffre-fort Banque de Montréal New Westminster soufflé hier soir, plupart contenu disparu… »

La Banque est passée à l’action sans perdre de temps. Une circulaire a été envoyée à l’échelle du vaste réseau de succursales et de bureaux de la Banque, pour informer immédiatement les employés des numéros de série des billets volés. En plus d’avoir fait appel à l’Agence nationale de détectives Pinkerton pour retrouver les voleurs, ces renseignements ont également été diffusés, à l’aide d’affiches, dans les principaux sites de circulation des devises au Canada et aux États-Unis, comme les bureaux de poste et les bureaux de compensation.
Les employés en succursale ont joué un rôle essentiel dans le recouvrement des devises volées. À titre de première ligne de défense, les caissiers étaient chargés de repérer tout billet dans les dépôts entrants de leur succursale dont le numéro de série correspondait à la description faite dans la circulaire. Ils étaient également chargés d’examiner les billets apportés à leur succursale par des membres de la collectivité qui les croyaient volés. Une fois les billets correctement identifiés et retirés de la circulation, les directeurs de succursale en ont retracé l’origine le plus loin possible, et ont transmis les renseignements aux détectives de Pinkerton pour les aider à déterminer où pouvaient se trouver les voleurs.

Des efforts avaient été faits pour dissimuler les numéros de série des billets volés, mais bien peu de détails pouvaient échapper à l’œil attentif des employés de BMO. Une lettre de Percy J.E. Graham, directeur de la succursale de Hartland, au Nouveau-Brunswick, révèle à quel point les billets étaient examinés attentivement pour tenter de repérer tout signe d’altération :

« Vous trouverez ci-joint notre billet de 10 $ portant le numéro 692506, série B, car nous ne sommes pas en mesure de déterminer s’il a été falsifié ou non.
Le premier 6 est fait d’une encre brillante et d’apparence plus récente que les autres chiffres, et il paraît être d’une forme légèrement différente que le dernier 6, et ne correspond pas vraiment au reste des chiffres. De plus, l’ombre qui entoure le portrait de l’ancien directeur général, qui, sur le billet avec lequel nous avons comparé celui-ci, s’étend autour des chiffres, sur ce billet-ci semble avoir été effacée. Le 6 en question, lorsqu’on l’examine à l’aide d’une loupe, paraît avoir été estampillé ou pressé sur le billet. »
Cette attention aux détails est un exemple marquant de l’engagement de BMO à placer la sécurité financière en premier. En fin de compte, une question demeure : justice a-t-elle été rendue? La réponse : seule l’histoire le sait…